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PAVLOVIC Vanja

Droits des femmes et des personnes LGBTQIA+, liberté d'expression

Description

Vanja Pavlović est une avocate pénaliste et défenseure des droits de l’homme originaire de Bosnie-Herzégovine. Dans le cadre de ses activités professionnelles, elle se consacre particulièrement à : (1) protéger les femmes contre la violences domestique, les violences sexuelles et sexistes et le harcèlement sexuel ; (2) défendre les droits et les membres de la communauté LGBTQ+ ; (3) protéger les journalistes et le droit à la liberté d’expression. Elle assure la protection de ces groupes vulnérables de plusieurs manières : en représentant bénévolement les victimes, en déposant des actions en justice pour discrimination et en représentant les plaignants, en représentant et défendant les journalistes dans les affaires de diffamation, en collaborant avec des organisations non gouvernementales dédiées à la protection des droits de l’homme, en faisant appel auprès de la Cour constitutionnelle de la Bosnie-Herzégovine et la CEDH.

« Être une défenseure des droits de l’Homme : ce n’est pas seulement un choix, c’est mon identité. »

Interview Vanja PAVLOVIC– 31 juillet 2024

Pourriez-vous vous présenter ?

Je m’appelle Vanja Pavlovic, et je suis avocate en Bosnie-Herzégovine, spécialisée dans la défense pénale et la protection des droits humains. Je suis également titulaire d’un Master en sciences politiques, avec une spécialisation en relations internationales et diplomatie.

Au cours de ma carrière de près de vingt ans dans le système judiciaire de Bosnie-Herzégovine, j’ai occupé divers postes importants. J’ai travaillé au Tribunal de Première Instance de Banja Luka, au Haut Conseil de la Magistrature et du Parquet de Bosnie-Herzégovine, au Barreau de la République de Srpska, ainsi qu’au Centre de Formation des Juges et Procureurs de la République de Srpska. Depuis six ans, je dirige mon propre cabinet d’avocats en Bosnie-Herzégovine.

Pourquoi avez-vous décidé de vous engager dans la défense des droits humains ?

La réponse n’est pas simple, mais j’ai toujours cru en la justice pour tous, ce qui m’a naturellement conduite à étudier le droit.

Sous la direction de la professeure Ljiljana Mijovic, alors directrice du Centre des Droits de l’Homme (et plus tard juge à la Cour européenne des droits de l’homme), j’ai découvert les instruments de protection des droits humains dans un contexte international, ce qui a renforcé mon engagement.

Très tôt dans ma carrière judiciaire, j’ai rapidement réalisé que le droit et la justice ne coïncident pas toujours. Cette prise de conscience m’a poussée à protéger les membres vulnérables de la société. Je crois que la défense des droits humains est une vocation intrinsèque à ma personnalité, façonnée par les femmes fortes de ma famille. Ma grand-mère, résistante pendant la Seconde Guerre mondiale à l’âge de 18 ans, et ma mère, qui a mené une carrière judiciaire remarquable en Bosnie-Herzégovine malgré de nombreux obstacles, m’ont inspirée par leur force et leur détermination. Leur exemple m’a appris à ne jamais douter de mes capacités en tant que femme et à toujours aider les personnes dans le besoin.

Ces influences familiales et mon parcours académique et professionnel ont fait de moi la défenseure des droits humains que je suis aujourd’hui.

Comment l’Initiative Marianne vous a-t-elle aidée à réaliser votre projet ?

Pendant l’Initiative Marianne, mon objectif était de créer une association regroupant avocats, psychologues et travailleurs sociaux afin de protéger les victimes de violences de genre, en particulier les violences domestiques et sexuelles, en leur offrant une assistance complète et gratuite.

Malheureusement, j’ai dû interrompre mes activités en raison de l’adoption d’un nouveau règlement en République de Srpska, où je réside et travaille, appelé la « Foreign Agents Law ». Selon cette loi, toutes les ONG financées par des sources étrangères seraient inscrites sur un registre spécial et considérées comme des ennemis de l’État. Sachant que la seule source de financement pour une telle association en Bosnie-Herzégovine proviendrait de fonds étrangers, j’ai été contrainte de mettre en suspend mon projet. Heureusement, cette loi a été retirée de la procédure d’adoption quelques jour avant la fin de l’Initiative Marianne. Mon projet est donc à nouveau en cours. Grâce à de nombreux contacts établis durant le programme avec des organisations françaises et internationales, je suis confiante dans la réalisation de mon projet.

Les nouvelles connaissances et expériences acquises en France ont renforcé ma détermination à continuer ma lutte pour l’égalité et la paix dans la société bosnienne.

L’Initiative Marianne m’a beaucoup apporté et le plus important pour moi a été d’y retrouver la motivation pour poursuivre mon combat. Mon séjour en France m’a revigorée, en particulier ma visite à la Maison des femmes, qui m’a profondément inspirée.

Quels sont vos projets pour l’avenir ?

Je souhaite continuer à exercer en tant qu’avocate et à développer l’association que j’ai créée. Mon objectif est de poursuivre la lutte pour l’égalité entre tous les citoyens de mon pays, indépendamment de leur origine ethnique, de leur religion ou de leur orientation sexuelle. Malheureusement, je suis quelque peu pessimiste quant à l’avenir, car nous avons régressé ces dernières années en matière de protection des droits humains.

J’ai récemment postulé pour un poste de juge à la Cour européenne des droits de l’homme. Si je suis retenue, je suis convaincue que je pourrai apporter une contribution significative à la protection des droits humains à travers l’Europe, grâce à l’ensemble de mes connaissances et expériences, y compris celles développées grâce à l’Initiative Marianne.

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