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BRILLO Daysheelyn Anne

Droits économiques et sociaux, droits de l'environnement, droits des populations autochtones

Description

Daysheelyn Anne Brillo est professeure et avocate philippine au Legal Rights and Natural Resources Center or the Friends of the Earth Philippines. Cette organisation œuvre pour promouvoir et protéger les droits humains des peoples autochtones. Son travail consiste à défendre les communautés rurales, en les formant à la documentation et aux réponses aux violations des droits humains. Elle plaide en faveur de la responsabilité environnementale des entreprises au niveau international. Dans ce cadre, elle publie une recherche juridique « The Global Pursuit for Justice for DBCP-Exposed Banana Farmers ». Elle plaide également en faveur de réformes garantissant l’accès à la justice pour les victimes de violations des droits de l’Homme et de catastrophes environnementales.

« La reconnaissance des droits fonciers des peuples autochtones est essentielle pour faire face à la crise climatique. »

Interview Daysheelyn Anne BRILLO – 23 juillet 2024

Pourriez-vous vous présenter ?

Je m’appelle Daysheelyn Anne Brillo. Je suis une avocate philippine spécialisée en droit de l’environnement et en droit des populations autochtones. Je travaille au Legal Rights and Natural Resources Center, également connu sous le nom de Friends of the Earth Philippines. J’enseigne aussi le droit de l’environnement à l’Université de la ville de Caloocan.

Quel est votre engagement en tant que défenseure des droits humain ?

Notre organisation se consacre à la protection de l’environnement, des droits des populations autochtones et à la reconnaissance de leurs droits fonciers. Nous fournissons notamment des services juridiques aux communautés locales rencontrant des difficultés à faire valoir leurs droits.

Je plaide également pour la démocratie environnementale, c’est-à-dire l’inclusion des communautés locales et autochtones dans les processus décisionnels impactant l’environnement. Cela signifie notamment qu’elles doivent être consultées préalablement à la construction de grands projets dans leur région.

La surveillance environnementale aux Philippines présente une faille qui pourrait être corrigée en permettant aux citoyens et aux communautés de surveiller et de critiquer publiquement le respect des réglementations en vigueur. Je m’engage pour cette cause car aux Philippines, les déclarations d’impact environnemental sont considérées comme des documents confidentiels. Je milite pour la transparence et pour le droit du public à accéder à ces informations.

Pourquoi avez-vous décidé de vous engager pour les droits humains ?

Mon engament a commencé en 2019, lorsque j’ai rencontré la communauté des Dumagats, un peuple autochtone menacé de déplacement de ses terres ancestrales de l’Alga par un projet gouvernemental de construction de routes. Je souhaitais les aider, mais j’étais toute juste diplômée et manquais de ressources nécessaires.

C’est alors que j’ai découvert Friends of the Earth Philippines. Grâce à cette organisation j’ai pu représenter la communauté et soumettre un rapport au Sénat philippin. Le Sénat a finalement reconnu que la construction des routes vers leurs terres s’était produite sans leur consentement préalable et éclairé. C’est comme cela que j’ai débuté mon engagement pour la protection des droits environnementaux et humains.

Comment l’Initiative Marianne vous a-t-elle aidé à réaliser votre projet ? Quelles activités vous ont été les plus utiles durant le programme ?

J’ai été ravie d’étudier la loi française sur le devoir de vigilance des entreprises, une législation qui n’existe pas aux Philippines. J’ai eu l’opportunité et le plaisir de rencontrer Friends of the Earth France, qui a joué eu un rôle central dans la promotion de cette loi. J’ai également découvert le rôle majeur de la France dans les négociations pour la directive européenne sur le devoir de diligence en matière de durabilité des entreprises (CS3D). De plus, j’ai rencontré la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH), qui a intenté des procès pour contester la portée et l’efficacité de cette loi, garantissant ainsi que les opérations des entreprises françaises à l’étranger respectent les droits de l’homme et les normes environnementales.

J’ai également approfondi mes connaissances sur la démocratie environnementale et l’inclusion des communautés locales dans les processus décisionnels. J’ai pu établir un réseau parmi les organisations de la société civile européenne et rencontrer des figures clés de la promotion des droits de l’homme et de l’environnement. Par exemple, j’ai rencontré Michel Forst, membre du comité de sélection de Marianne et rapporteur spécial de l’ONU sur les défenseurs de l’environnement et l’accès à l’information environnementale. Les échanges sur son travail auprès de l’ONU ont été particulièrement éclairants et enrichissants. J’ai appris l’importance de l’accès à l’information environnementale et de l’implication du public dans les projets ayant un impact sur l’environnement.

A l’issue du programme, quels sont vos projets ?

Je suis rentrée aux Philippines afin de poursuivre mes activités. Le mois prochain, nous lancerons des campagnes sur le droit à l’information environnementale. Nous insistons sur la transparence environnementale et la gouvernance inclusive et participative pour les projets néfastes pour l’environnement.

Voudriez-vous ajouter autre chose ?

Je tiens à exprimer ma profonde gratitude envers l’Initiative Marianne. J’ai rencontré des camarades formidables et appris énormément d’eux, non seulement sur leurs cultures respectives, mais aussi sur la gestion de projets, la préparation de propositions et le suivi efficace des initiatives. Grâce à eux, j’ai retrouvé l’espoir pour l’amélioration des droits humains dans le monde.

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